Yannick et Kyrvine,
pêcheurs de légine
Découvrez leur parcours et
leur engagement pour les océans
LES MERS AUSTRALES : UNE AVENTURE
Yannick et Kyrvine sont deux pêcheurs engagés pour une pêche durable.
Originaire de Tahiti, Kyrvine a toujours connu la mer et navigue depuis tout petit pour le plaisir. Aller à la pêche, c'est une tradition familiale, une pratique récréative qui permet souvent de rapporter du poisson à la maison. Lorsque devenu adulte, il arrive à La Réunion et commence par travailler sur des bateaux militaires avant de devenir pêcheur professionnel.
Pour Yannick par contre, la pêche n’était pas une évidence. Policier avant de devenir marin, il ne pourrait plus faire autre chose aujourd'hui.
« J’aime beaucoup naviguer : c’est vraiment l’idée de quitter la terre qui me plaît. »
Au-delà de leur passion pour l’océan, les deux pêcheurs partagent la fierté de cette aventure en haute mer : pour Yannick, dont le père était pêcheur, le marin et surtout le marin qui embarque pour les terres australes bénéficie d'une image emblématique ; celle d'un homme qui doit survivre et ne pas se laisser faire, qui ne doit pas céder à la pression, à la panique ou à la violence.
« Quand on dit qu’on va à Kerguelen, on est vraiment fiers, et nos proches aussi ! Je retrouve dans ce métier tout ce qui peut faire une force de caractère. Il faut du calme pour savoir gérer la mer. »
Yannick et Kyrvine font partie des nombreux pêcheurs des 7 bateaux de la pêcherie de légine des îles Kerguelen et Crozet certifiée MSC pêche durable depuis 2013 pour Kerguelen et 2017 pour Crozet, et re-certifiée en 2018.
LA PÊCHE À LA LÉGINE
La légine se trouve au bout du monde, dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Les pêcheurs la capturent à la palangre autour des îles Kerguelen et Crozet et la débarquent à La Réunion, où ils vivent.
Lorsqu'ils partent en mer, cela peut durer entre 2 et 3 mois, sans poser le pied à terre. Cela leur arrive de débarquer sur les îles Kerguelen ou Crozet, seulement pour déposer le contrôleur, un blessé ou recharger le bateau en carburant. Trois mois en mer peuvent paraître très longs, mais Kyrvine et Yannick ne s'en lassent pas. Au contraire, quand ils partent en congés, c'est le temps passé à terre qui leur semble alors bien trop long.
« Le travail est difficile comme partout, mais là on est loin, il n’y a rien autour, juste l’océan. Mais quand on laisse le bateau partir et qu’on reste à quai… on a un pincement au cœur ! »
À bord, ils sont deux par cabine et le vendredi soir, ils ont accès à leurs emails grâce aux données satellites. « C’est le meilleur médicament qui soit mais en même temps, c’est difficile car s’il se passe quelque chose, on ne peut pas être avec nos proches. Maintenir la vie de famille est compliqué. » Pour Kyrvine, sa femme et ses enfants se sont habitués mais la petite dernière a encore du mal à comprendre, l’habitude s’installera avec le temps.
Sur un navire de 55 mètres de long, la promiscuité est de mise. Il faut toujours faire des compromis et s’adapter. À bord, pas de place pour le conflit !
Sur le bateau, chacun son rôle : le capitaine impose un rythme soutenu à son équipage. Les matelots du pont travaillent beaucoup car après avoir remonté les poissons hors de l’eau, ils viennent parfois en aide aux matelots en usine qui s’occupent de préparer et congeler le poisson à bord.
« Si tout le monde avance dans le même sens, on travaillera plus facilement en équipe. »
Au moment de la pêche, il faut parfois traiter entre 90 et 100 hameçons par minute pour récupérer des poissons de 4 kilos. Les poissons arrivent toujours par deux ou trois, puis quelques minutes se passent où les hameçons sont vides, avant que le rythme ne reprenne.
« La ligne doit remonter droite mais la houle parfois très forte ne facilite pas le travail ! »
UN ÉCOSYSTÈME FRAGILE ET UNIQUE
Voyager aussi loin permet à Yannick et Kyrvine de découvrir un environnement unique au monde. Les cachalots, otaries, manchots et pétrels gris font partie de leur quotidien et sont des espèces protégées.
Des observateurs sont à bord pour assurer que les réglementations sont bien respectées. Pour obtenir la certification MSC, de nombreuses mesures ont été mises en place par les pêcheurs. Par exemple, pour limiter le nombre de captures de pétrels gris, les lignes ont été lestées pour couler plus vite, des fanions de couleurs ont été installés pour écarter les oiseaux et leur mortalité a chuté de 99% depuis les années 2000.
Les orques sont les mammifères marins les plus présents dans la région. On peut en voir tous les jours. Pourtant, la déprédation des orques, c’est-à-dire le fait qu’elles se nourrissent directement sur les lignes mises à l'eau par les pêcheurs, est un facteur avec lequel ils doivent composer au quotidien. Pour préserver les orques et limiter la déprédation, les pêcheurs ont mis en place notamment le filage de nuit (mettre les lignes dans l'eau) ou des règles d'évitement (le bateau doit s'éloigner de 60 milles nautiques, soit environ 110kms, avant de pouvoir pêcher s'il aperçoit une orque). Une belle preuve que la pêche durable peut participer à la préservation des orques.
« On a trouvé toute une famille d’orques à Kerguelen sur la dernière marée. Le bateau n’a pas pu pêcher pendant 15 jours. Les orques suivent désormais les navires de pêche pendant 48 à 72 heures pour trouver le poisson qui devait être pêché. Les lignes remontent vides et le navire se déplace le plus possible pour s’écarter des orques. »
Yannick reste optimiste et n’est pas peu fier de la légine qu’il pêche.
« La légine labellisée MSC est vraiment délicieuse ! »
PENSER À L'AVENIR
Le fils de Yannick voulait être pêcheur comme son père. Pour Yannick, c’est plus compliqué pour la jeune génération de s’engager sur des marées très longues.
« Quand tu as 30 ans et que tu es obligé de ramener un salaire tu le fais, mais quand tu as 20 ans, il faut vraiment être passionné ! »
Pour Yannick, comme pour Kyrvine, la mer reste une passion. Ils continueront de pêcher, durablement et en préservant les océans et la biodiversité, pour les générations futures.
« La mer est un mode de vie, elle est tellement importante ! »
« On ne se fatigue jamais de la mer ! »
Pour soutenir Kyrvine et Yannick, vous aussi devenez un acteur engagé de la préservation des océans en choisissant de consommer des produits de la mer labellisés MSC !
Toutes les photographies sont soumises à copyright © MSC ou Frédéric Briois.